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Daniel Ravel

Septiembre – Diciembre

2025

D.Ravel

Daniel Ravel

Sur le peintre Daniel Ravel (1915-2002)

Maurice Ravel est un compositeur français, né en 1875 à Ciboure (Pyrénées-Atlantiques), mort à Paris en 1937. Dans sa dernière maison, à Montfort-l’Amaury, le musicien, facétieux, surgissait de son salon aux chinoiseries, s’installait à son piano pour jouer, dos droit, mains parallèles, ses Valses nobles et sentimentales… Jean Echenoz a dit tout cela mieux que personne dans Ravel paru aux Editions de Minuit, en 2006 : un classique.

Mais encore ?

Daniel Ravel est un peintre français, né le 3 mars 1915 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), mort près de Paris en 2002.

Aucun lien familial n’est à signaler entre Maurice et Daniel, nés à quarante années d’intervalle.

Lorsqu’on est un artiste, le plus difficile est de se faire un nom. Et lorsque celui-ci est déjà pris par un génie, il faut alors tenter d’imposer un prénom… La tâche est rude ! La Galerie SR propose des œuvres de Daniel Ravel, sans l’assurance que cela soit suffisant pour que la notoriété du peintre atteigne un jour celle du compositeur.

Né à Aix-en-Provence, Daniel Ravel passa une partie de sa jeunesse à Grenoble, où son père était professeur de français. A Grenoble, il fit l’Ecole des Beaux-Arts. Puis, à l’âge de dix-neuf ans, il quitta l’Isère pour s’installer à Paris et suivre des cours à l’Ecole des arts décoratifs. L’artiste en herbe avait fait le double choix, très jeune, de devenir peintre – et ce, à Paris. Il ne le regretta jamais.

L’art de Daniel Ravel connut une éclosion assez lente. La maturité s’en vint pour lui à la fin des années 1940, période où il commença à trouver sa « manière » pour ne plus jamais la quitter. Mais quel serait donc ce style ? Raffinement serait le mot qui arrive en premier, puis couleur, harmonie, subtilité, tempérance, lisière (abstrait-concret). Art français, s’il en est.

De grands aînés ? Souvent les mêmes ! Les Impressionnistes, Cézanne (son compatriote aixois, particulièrement admiré), Derain, Bonnard, Matisse. Pourtant, s’il ne faut citer qu’un « maitre » pour Ravel, c’est le nom de Jacques Villon qui vient à l’esprit. Né en 1875 (comme Maurice Ravel !), là est le modèle absolu pour Daniel Ravel.

Dans ses toiles irisées, le sujet voisine avec le non-sujet, car l’artiste parvient à séparer le réel de l’imaginaire. Une force poétique vient se mêler à l’ensemble. A ses heures perdues, Daniel Ravel, dans un coin de son atelier – comme celui qu’il eut dans cette zone frontière de ce nord-ouest parisien, avenue Emile Massard,– rêvait autant qu’il peignait. Ici, tout près de l’avenue Stéphane Mallarmé, il composait des poèmes dans sa tête de doux songeur. Il nous laisse ainsi également une autre part de lui-même.

Le peintre-poète a bien sûr consacré une offrande à ses couleurs préférées : « Jaune garance rouge orangé bleu vert et violet », nota t-il un jour. Pour commencer son texte par une interrogation : « Et si les couleurs n’étaient pas nées ensemble. » Et de poursuivre par cette quasi-certitude : « Le jaune a dû naître en premier. »

Le titre que donne un peintre à une œuvre est comme sa touche finale. C’est une indication pour mieux entrer dans le tableau. Les toiles, ici, s’intitulent : « Le Jour où les couleurs sont apparues », « Naissance dans le néant », « Parenté des oppositions », « Incandescence », « Espace bleu et jaune », « Lumière éparse »… Il n’y a qu’à se laisser porter.

Chez Ravel, les sujets sont variés. Quelques portraits existent, mais surtout des paysages, et encore davantage des natures mortes. Le tableau interroge. N’est-ce pas là un toit, une route, un horizon ? N’est-ce pas là une carafe, une bouteille, un vase ? Il faut se laisser aller face à cette sensation pure qui se dégage des formes étalées sur la toile. A l’une de ses peintures, l’artiste a donné pour titre : « Les objets attaquent la couleur ». Dans cette « attaque », on ne sait qui l’emporte.

Et l’homme Ravel, comment était-il ? Pas bien grand, et coquet – comme Maurice ! Une belle veste et un foulard en soie noué autour du cou lui donnaient un air élégant, à l’image de sa peinture. Pas dandy, cependant. Au dernier étage de son atelier situé dans un immeuble en brique, il accueillait, d’une voix un peu haut perchée, ses visiteurs, tout en les dévisageant de ses yeux d’un bleu clair délavé. Son regard pouvait impressionner, surtout quand il s’accompagnait d’un léger sourire énigmatique. Affable, Ravel, dont la nature était celle d’un solitaire, avait tout de l’être que l’on sentait vivre dans des pensées profondes, voire philosophiques. Peu bavard, les silences comptaient beaucoup pour lui, car porteurs de richesses. La forme d’intimité qui régnait dans son atelier, au milieu de toiles visibles (dont l’une, toujours en cours, sur un chevalet) ou retournées, appelait d’ailleurs à un certain retrait. On sentait, sous la carapace souple du peintre, un être écorché et pudique, peut-être aussi ce souvenir lancinant d’un père aimé, mort trop jeune, à l’âge de quarante-sept ans. Quand ce drame survint, Daniel Ravel n’avait que vingt ans. La blessure est alors ineffaçable. Par la suite, il alla régulièrement se recueillir sur la tombe de son père, à Cadenet, dans le Luberon. Là était la fêlure de l’artiste, et sa douleur profonde, car trop forte pour jamais pouvoir l’exprimer.

Alors s’est imposé un refuge, comme d’ailleurs pour chaque véritable peintre : l’atelier. Ravel en eut deux principaux, chacun dans le XVIIe arrondissement de Paris. L’un, 17, boulevard Gouvion-Saint-Cyr, où il avait comme voisin et ami le peintre Abel Bertram. L’autre, à partir du début des années 1970, au 1, avenue Emile Massard. Nul doute que dans chacun de ces lieux il fut réellement heureux, tout à sa création. Guettant aussi le moment exact, la disposition parfaite pour accomplir l’acte de créer. Et, quand les signes ne pouvaient s’inscrire sur la toile, il restait toujours les mots que l’artiste, grâce à son esprit rêveur, aimait à inventer ou assembler pour en faire un poème. Le dictionnaire, qu’il consultait souvent, lui inspirait aussi des pensées qui devenaient textes.

Vivant dans cet univers à part, cela ne devait pas être toujours facile pour sa femme, l’artiste peintre Tolev (1913-2004), qui construisit une œuvre parfois proche de celle de son mari. De son vrai nom Jeanne Pouplot, elle avait choisi le pseudonyme de Tolev, en réalisant une anagramme un peu compliquée, et à consonance plutôt masculine, à partir des deux dernières lettres de son nom de jeune fille, et des trois dernières lettres du nom de son mari. Elle a beaucoup apporté au peintre, qui l’appelait affectueusement Jeannette, à commencer bien sûr par les enfants qu’ils eurent ensemble, et que Ravel adora : Sabine et Denis.

Sinon, ce qui l’accompagnait dans son quotidien et le soutenait fort, c’étaient les cigarettes. Beaucoup. Des Gauloises. Reclus, d’une certaine manière, il passait ses journées dans un monde qu’il s’était fabriqué, lieu clos idéal, où les aspects du quotidien ne l’atteignaient pas, y compris ceux matériels auxquels il se sentait étranger. Sa vie s’écoulait ainsi, régulière. Selon les saisons, il rentrait plus ou moins tard, toujours à pied, de l’autre côté du périphérique, car il ne pouvait travailler qu’à la lumière du jour. On imagine la petite silhouette de Ravel, souvent vêtu de son imperméable beige, le corps légèrement courbé, marchant, par tout temps, de son atelier, situé près de la porte de Champerret, vers son domicile du boulevard Bineau, à Levallois-Perret. Vraie scène de film, dont le réalisateur aurait pu être Jean-Pierre Melville ou Pierre Granier-Deferre. Mais, une fois le cap du périphérique franchi, les pensées de l’artiste ne continuaient-elles pas de rester accrochées à l’atelier ? Puis, un Johnny Walker. Puis, le dîner en famille. Puis, la lecture, avec par exemple Robinson Crusoé – son livre préféré –, ou Teilhard de Chardin.

Daniel Ravel ne fréquentait qu’assez peu le monde de l’art. En revanche, il ne manquait jamais d’assister aux vernissages de ses amis peintres, comme Maurice-Elie Sarthou et Jacques Busse. Les Busse se joignaient même parfois aux Ravel pour partir en vacances dans une petite bergerie que Ravel avait achetée en Lozère, dans les années 1960, du côté des Gorges du Tarn, dans le hameau reculé de Hauterives, près de Sainte-Enimie. Là, au calme et dans la verdure, tout était idéal pour faire les fous, boire et s’amuser. Sans oublier les parties de pêche. Car Ravel aimait la vie, et les plaisirs simples qui en découlent.

Bien qu’assez éloigné, par l’esprit, du monde des expositions, il présentait quand même régulièrement ses travaux dans la plupart des grands Salons qu’il y avait à Paris : Salons d’automne, de mai, des Tuileries, des indépendants, des réalités nouvelles, ou encore Comparaisons. Plusieurs marchands, comme Lucien Durand, rue Mazarine, ou Jacques Massol, rue La Boétie, lui avaient consacré des expositions personnelles. Parfois, ses toiles figuraient dans des accrochages de groupe aux côtés d’autres peintres de renom comme Pierre Dmitrienko, Jean Cortot, Key Sato ou encore Jacques Germain. Avec Dmitrienko, mort trop jeune, Ravel fut particulièrement lié. Il lui vouait une admiration profonde, et le considérait comme le meilleur de sa génération. Par-delà les expositions et les galeries, des œuvres de Ravel sont conservées dans des musées : Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Centre Pompidou, Musée d’art moderne du Havre.

Daniel Ravel aimait à utiliser diverses techniques, à commencer par le crayon, mais aussi l’aquarelle, où il excella. Il pratiqua la gravure à l’eau-forte et réalisa des lithographies, notamment pour les affiches de ses expositions. En 1946, il illustra de lettrines le roman de Daniel-Rops, Sévéra, paru aux Editions du Roseau. La même année, aux Editions Lajeunesse, il accompagna de lithographies le conte d’Ernest Tisserand, Sylvère et son épée.

Enfin, œuvre fort différente, mais qui confirme les dons multiples de l’artiste, il réalisa en 1965, suite à une demande du village du Rayol-Canadel, un ensemble de maquettes pour des vitraux que l’on peut voir dans la chapelle Notre-Dame-du-Rosaire, au Canadel. Dans ce lieu de recueillement, une plaque indique : « Cette chapelle dédiée à Notre-Dame-du-Rosaire commémore le débarquement historique des commandos d’Afrique sur la plage du Canadel dans la nuit du 14 au 15 août 1944. » Dans ce coin du Var, Ravel a contribué à l’élaboration de cet édifice, en créant un ensemble de six vitraux abstraits, dont une rosace.

 

Sobre el pintor Daniel Ravel (1915-2002)

 

Maurice Ravel es un compositor francés, nacido en 1875 en Ciboure (Pyrénées-Atlantiques), fallecido en París en 1937. En su última casa, en Montfort-l’Amaury, el músico, de forma juguetona, salía de su salón con chinerías, se sentaba a su piano para tocar, con la espalda recta y las manos paralelas, sus Valses nobles y sentimentales… Jean Echenoz lo dijo mejor que nadie en Ravel, publicado por Éditions de Minuit en 2006: un clásico.

Pero, ¿quién más?

Daniel Ravel es un pintor francés, nacido el 3 de marzo de 1915 en Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), fallecido cerca de París en 2002.

No hay vínculo familiar entre Maurice y Daniel, que nacieron con cuarenta años de diferencia.

Cuando se es artista, lo más difícil es hacerse un nombre. Y cuando este ya ha sido tomado por un genio, hay que intentar imponer un nombre de pila… ¡La tarea es ardua! La Galería SR ofrece obras de Daniel Ravel, sin la certeza de que eso sea suficiente para que la notoriedad del pintor alcance algún día la del compositor.

Nacido en Aix-en-Provence, Daniel Ravel pasó parte de su juventud en Grenoble, donde su padre era profesor de francés. En Grenoble, estudió en la Escuela de Bellas Artes. Luego, a la edad de diecinueve años, dejó Isère para instalarse en París y asistir a clases en la Escuela de Artes Decorativas. El artista en ciernes había tomado la doble decisión, muy joven, de convertirse en pintor y de hacerlo en París. Nunca se arrepintió.

El arte de Daniel Ravel tuvo un desarrollo bastante lento. La madurez le llegó a finales de los años 40, un período en el que comenzó a encontrar su «manera» para no volver a abandonarla nunca. Pero, ¿cuál sería ese estilo? Refinamiento sería la primera palabra que viene a la mente, seguida de color, armonía, sutileza, templanza, límite (abstracto-concreto). Arte francés, si es que lo hay.

¿Grandes maestros? ¡A menudo los mismos! Los Impresionistas, Cézanne (su compatriota de Aix, particularmente admirado), Derain, Bonnard, Matisse. Sin embargo, si solo hay que citar a un «maestro» para Ravel, es el nombre de Jacques Villon el que viene a la mente. Nacido en 1875 (¡como Maurice Ravel!), él fue el modelo absoluto para Daniel Ravel.

En sus lienzos iridiscentes, el sujeto convive con el no-sujeto, ya que el artista logra separar lo real de lo imaginario. Una fuerza poética se mezcla con el conjunto. En sus ratos libres, Daniel Ravel, en un rincón de su taller —como el que tuvo en esa zona fronteriza del noroeste de París, en la avenida Emile Massard—, soñaba tanto como pintaba. Allí, muy cerca de la avenida Stéphane Mallarmé, componía poemas en su cabeza de dulce soñador. Nos deja así también otra parte de sí mismo.

El pintor-poeta, por supuesto, dedicó una ofrenda a sus colores preferidos: «Amarillo, granza, rojo, anaranjado, azul, verde y violeta», escribió un día. Para comenzar su texto con una pregunta: «¿Y si los colores no hubieran nacido juntos?». Y para continuar con esta casi certeza: «El amarillo debió nacer primero».

El título que un pintor da a una obra es como su toque final. Es una indicación para entrar mejor en el cuadro. Los lienzos, aquí, se titulan: «El Día en que aparecieron los colores», «Nacimiento en la nada», «Parentesco de las oposiciones», «Incandescencia», «Espacio azul y amarillo», «Luz dispersa»… Solo hay que dejarse llevar.

En Ravel, los temas son variados. Existen algunos retratos, pero sobre todo paisajes, y aún más naturalezas muertas. El cuadro invita a la reflexión. ¿No es eso un tejado, una carretera, un horizonte? ¿No es eso una jarra, una botella, un jarrón? Hay que dejarse llevar por esa sensación pura que emana de las formas extendidas sobre el lienzo. A una de sus pinturas, el artista le dio el título: «Los objetos atacan el color». En este «ataque», no se sabe quién vence.

Y el hombre Ravel, ¿cómo era? No muy alto, y coqueto, ¡como Maurice! Una bonita chaqueta y un pañuelo de seda anudado al cuello le daban un aire elegante, a imagen de su pintura. Pero no era un dandy. En el último piso de su taller situado en un edificio de ladrillo, recibía, con una voz un poco aguda, a sus visitantes, mientras los escudriñaba con sus ojos de un azul claro deslavado. Su mirada podía impresionar, sobre todo cuando se acompañaba de una ligera sonrisa enigmática. Afable, Ravel, cuya naturaleza era la de un solitario, tenía todo el aspecto de un ser que se sentía vivir en pensamientos profundos, incluso filosóficos. Poco hablador, los silencios contaban mucho para él, ya que eran portadores de riqueza. La forma de intimidad que reinaba en su taller, en medio de lienzos visibles (uno de ellos siempre en curso en un caballete) o volteados, invitaba de hecho a un cierto recogimiento. Se sentía, bajo la coraza flexible del pintor, un ser sensible y pudoroso, quizás también ese recuerdo punzante de un padre amado, muerto demasiado joven, a los cuarenta y siete años. Cuando este drama ocurrió, Daniel Ravel solo tenía veinte años. La herida es entonces imborrable. Posteriormente, iba regularmente a recogerse ante la tumba de su padre, en Cadenet, en el Luberon. Ahí estaba la grieta del artista, y su dolor profundo, demasiado fuerte para poder expresarlo.

Entonces se impuso un refugio, como por cierto para cada verdadero pintor: el taller. Ravel tuvo dos principales, cada uno en el distrito XVII de París. Uno, en el número 17 del bulevar Gouvion-Saint-Cyr, donde tenía como vecino y amigo al pintor Abel Bertram. El otro, a partir de principios de los años 70, en el número 1 de la avenida Emile Massard. No hay duda de que en cada uno de estos lugares fue realmente feliz, totalmente inmerso en su creación. También estaba atento al momento exacto, la disposición perfecta para llevar a cabo el acto de crear. Y, cuando los signos no podían inscribirse en el lienzo, siempre le quedaban las palabras que el artista, gracias a su espíritu soñador, amaba inventar o ensamblar para convertirlas en un poema. El diccionario, que consultaba a menudo, también le inspiraba pensamientos que se convertían en textos.

Viviendo en este universo aparte, no debió ser siempre fácil para su esposa, la pintora Tolev (1913-2004), quien construyó una obra a veces cercana a la de su marido. De su verdadero nombre Jeanne Pouplot, había elegido el seudónimo de Tolev, realizando un anagrama un poco complicado, y con una consonancia más bien masculina, a partir de las dos últimas letras de su apellido de soltera y las tres últimas letras del nombre de su marido. Ella aportó mucho al pintor, a quien llamaba afectuosamente Jeannette, comenzando por supuesto por los hijos que tuvieron juntos y que Ravel adoraba: Sabine y Denis.

Además, lo que lo acompañaba en su día a día y lo sostenía firmemente, eran los cigarrillos. Muchos. Gauloises. Recluido, en cierto modo, pasaba sus días en un mundo que se había fabricado, un lugar cerrado ideal, donde los aspectos de la vida cotidiana no lo alcanzaban, incluidos los materiales a los que se sentía ajeno. Su vida transcurría así, de forma regular. Según las estaciones, volvía más o menos tarde, siempre a pie, del otro lado del periférico, ya que solo podía trabajar a la luz del día. Nos imaginamos la pequeña silueta de Ravel, a menudo vestido con su impermeable beige, el cuerpo ligeramente encorvado, caminando, con cualquier tiempo, desde su taller, situado cerca de la Porte de Champerret, hacia su domicilio en el bulevar Bineau, en Levallois-Perret. Una verdadera escena de película, cuyo director podría haber sido Jean-Pierre Melville o Pierre Granier-Deferre. Pero, una vez que cruzaba el límite del periférico, ¿no seguían las ideas del artista ancladas en el taller? Luego, un Johnny Walker. Luego, la cena en familia. Luego, la lectura, por ejemplo Robinson Crusoe —su libro favorito—, o Teilhard de Chardin.

Daniel Ravel frecuentaba poco el mundo del arte. Sin embargo, nunca faltaba a las inauguraciones de sus amigos pintores, como Maurice-Elie Sarthou y Jacques Busse. Los Busse incluso se unían a veces a los Ravel para ir de vacaciones a una pequeña cabaña de pastor que Ravel había comprado en Lozère, en los años 60, cerca de las Gargantas del Tarn, en la remota aldea de Hauterives, cerca de Sainte-Enimie. Allí, en la calma y el verdor, todo era ideal para hacer locuras, beber y divertirse. Sin olvidar las partidas de pesca. Porque a Ravel le gustaba la vida y los placeres sencillos que de ella se derivan.

Aunque bastante alejado, en espíritu, del mundo de las exposiciones, presentaba regularmente sus trabajos en la mayoría de los grandes Salones que había en París: Salons d’automne, de mai, des Tuileries, des indépendants, des réalités nouvelles, o también Comparaisons. Varios marchantes, como Lucien Durand, en la rue Mazarine, o Jacques Massol, en la rue La Boétie, le habían dedicado exposiciones personales. A veces, sus lienzos figuraban en exposiciones de grupo junto a otros pintores de renombre como Pierre Dmitrienko, Jean Cortot, Key Sato o Jacques Germain. Con Dmitrienko, muerto demasiado joven, Ravel estuvo particularmente unido. Le profesaba una profunda admiración y lo consideraba el mejor de su generación. Más allá de las exposiciones y las galerías, las obras de Ravel se conservan en museos: Museo de Arte Moderno de la Ciudad de París, Centro Pompidou, Museo de Arte Moderno de Le Havre.

A Daniel Ravel le gustaba utilizar diversas técnicas, empezando por el lápiz, pero también la acuarela, en la que sobresalía. Practicó el grabado al aguafuerte y realizó litografías, especialmente para los carteles de sus exposiciones. En 1946, ilustró con letras capitulares la novela de Daniel-Rops, Sévéra, publicada por Éditions du Roseau. El mismo año, en Éditions Lajeunesse, acompañó con litografías el cuento de Ernest Tisserand, Sylvère et son épée.

Finalmente, una obra muy diferente, pero que confirma los múltiples talentos del artista, es la que realizó en 1965, a pedido del pueblo de Rayol-Canadel, un conjunto de maquetas para vidrieras que se pueden ver en la capilla Notre-Dame-du-Rosaire, en Le Canadel. En este lugar de recogimiento, una placa indica: «Esta capilla dedicada a Notre-Dame-du-Rosaire conmemora el desembarco histórico de los comandos de África en la playa de Le Canadel en la noche del 14 al 15 de agosto de 1944». En este rincón de Var, Ravel contribuyó a la elaboración de este edificio, creando un conjunto de seis vidrieras abstractas, incluida una vidriera en forma de rosetón.

 

About the painter Daniel Ravel (1915-2002)

 

Maurice Ravel is a French composer, born in 1875 in Ciboure (Pyrénées-Atlantiques), who died in Paris in 1937. In his last home, in Montfort-l’Amaury, the musician, with a mischievous air, would emerge from his living room with its chinoiseries, sit at his piano to play, with a straight back and parallel hands, his Valses nobles et sentimentales… Jean Echenoz said all this better than anyone in Ravel, published by Éditions de Minuit in 2006: a classic.

But what else?

Daniel Ravel is a French painter, born on March 3, 1915, in Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), who died near Paris in 2002.

No family connection is to be noted between Maurice and Daniel, who were born forty years apart.

When you are an artist, the most difficult thing is to make a name for yourself. And when that name is already taken by a genius, you then have to try to impose a first name… The task is tough! The SR Gallery offers works by Daniel Ravel, without the assurance that this will be enough for the painter’s notoriety to one day reach that of the composer.

Born in Aix-en-Provence, Daniel Ravel spent part of his youth in Grenoble, where his father was a French teacher. In Grenoble, he attended the École des Beaux-Arts. Then, at the age of nineteen, he left Isère to move to Paris and take classes at the École des arts décoratifs. At a very young age, the budding artist had made the double choice to become a painter – and to do so in Paris. He never regretted it.

Daniel Ravel’s art blossomed rather slowly. Maturity came to him in the late 1940s, a period when he began to find his «manner» and never left it again. But what exactly would this style be? Refinement would be the first word that comes to mind, then color, harmony, subtlety, temperance, border (abstract-concrete). French art, if there is any.

Great predecessors? Often the same ones! The Impressionists, Cézanne (his fellow Aixoise, particularly admired), Derain, Bonnard, Matisse. However, if only one «master» must be mentioned for Ravel, it is the name of Jacques Villon that comes to mind. Born in 1875 (like Maurice Ravel!), he was the absolute model for Daniel Ravel.

In his iridescent canvases, the subject neighbors the non-subject, as the artist manages to separate the real from the imaginary. A poetic force blends into the whole. In his spare time, Daniel Ravel, in a corner of his studio — like the one he had in that border zone of northwestern Paris, on Avenue Emile Massard — would dream as much as he painted. Here, very close to Avenue Stéphane Mallarmé, he would compose poems in his gentle, dreamy mind. Thus, he also left us another part of himself.

The painter-poet naturally made an offering to his favorite colors: «Gamboge yellow red orange blue green and purple,» he once noted. To begin his text with a question: «And what if the colors had not been born together.» And to continue with this near certainty: «Yellow must have been born first.»

The title a painter gives to a work is like its final touch. It is a clue to better enter the painting. The canvases, here, are titled: «The Day the colors appeared,» «Birth in nothingness,» «Kinship of oppositions,» «Incandescence,» «Blue and yellow space,» «Sparse light»… You just have to let yourself be carried away.

In Ravel, the subjects are varied. A few portraits exist, but mostly landscapes, and even more so still lifes. The painting asks a question. Isn’t that a roof, a road, a horizon? Isn’t that a carafe, a bottle, a vase? You must let yourself go in the face of the pure sensation that emanates from the forms spread on the canvas. To one of his paintings, the artist gave the title: «Objects attack color.» In this «attack,» one does not know who wins.

And the man, Ravel, what was he like? Not very tall, and dapper – just like Maurice! A beautiful jacket and a silk scarf tied around his neck gave him an elegant air, in the image of his painting. Not a dandy, however. On the top floor of his studio located in a brick building, he would greet his visitors with a slightly high-pitched voice, all while scrutinizing them with his faded light blue eyes. His gaze could be impressive, especially when accompanied by a slight, enigmatic smile. Ravel, whose nature was that of a solitary person, was affable and seemed to live in deep, even philosophical, thoughts. Not very talkative, silences meant a lot to him because they were rich. The form of intimacy that reigned in his studio, amidst visible canvases (one of which was always in progress on an easel) or turned around, also called for a certain withdrawal. One could feel, beneath the painter’s flexible shell, a sensitive and modest being, perhaps also the nagging memory of a beloved father who died too young, at the age of forty-seven. When this tragedy occurred, Daniel Ravel was only twenty years old. The wound was then indelible. Subsequently, he would regularly go to contemplate at his father’s grave in Cadenet, in the Luberon. There was the artist’s crack, and his deep pain, too strong to ever be expressed.

So a refuge was imposed, as it is for every true painter: the studio. Ravel had two main ones, both in the 17th arrondissement of Paris. One, at 17, Boulevard Gouvion-Saint-Cyr, where he had the painter Abel Bertram as a neighbor and friend. The other, from the early 1970s, at 1, Avenue Emile Massard. There is no doubt that in each of these places he was truly happy, fully dedicated to his creation. Also watching for the exact moment, the perfect arrangement to accomplish the act of creating. And when signs could not be inscribed on the canvas, there were always the words that the artist, thanks to his dreamy spirit, loved to invent or assemble to make a poem. The dictionary, which he consulted often, also inspired thoughts that became texts.

Living in this world apart, it must not always have been easy for his wife, the painter Tolev (1913-2004), who built a body of work sometimes close to that of her husband. Her real name was Jeanne Pouplot, and she had chosen the pseudonym Tolev by creating a somewhat complicated anagram with a rather masculine sound, from the last two letters of her maiden name and the last three letters of her husband’s name. She contributed a lot to the painter, who affectionately called her Jeannette, starting of course with the children they had together, and whom Ravel adored: Sabine and Denis.

Otherwise, what accompanied him in his daily life and strongly supported him were cigarettes. Many of them. Gauloises. Reclusive in a way, he spent his days in a world he had built for himself, an ideal closed place, where the aspects of daily life did not reach him, including material ones, to which he felt like a stranger. His life flowed in this regular way. Depending on the season, he would return more or less late, always on foot, from the other side of the périphérique, because he could only work in daylight. One can imagine Ravel’s small silhouette, often dressed in his beige trench coat, his body slightly hunched, walking in all weather, from his studio near Porte de Champerret, towards his home on Boulevard Bineau, in Levallois-Perret. A true movie scene, whose director could have been Jean-Pierre Melville or Pierre Granier-Deferre. But once the périphérique was crossed, didn’t the artist’s thoughts continue to hang onto the studio? Then, a Johnny Walker. Then, dinner with the family. Then, reading, for example Robinson Crusoe – his favorite book – or Teilhard de Chardin.

Daniel Ravel frequented the art world only a little. On the other hand, he never failed to attend the private views of his painter friends, such as Maurice-Elie Sarthou and Jacques Busse. The Busse family even sometimes joined the Ravels to go on vacation to a small sheepfold that Ravel had bought in Lozère in the 1960s, near the Gorges du Tarn, in the remote hamlet of Hauterives, near Sainte-Enimie. There, in the calm and greenery, everything was ideal for being silly, drinking, and having fun. Not to mention the fishing trips. Because Ravel loved life, and the simple pleasures that come from it.

Although he was quite distant, in spirit, from the world of exhibitions, he still regularly presented his works in most of the major Salons in Paris: Salons d’automne, de mai, des Tuileries, des indépendants, des réalités nouvelles, or Comparaisons. Several dealers, such as Lucien Durand, on Rue Mazarine, or Jacques Massol, on Rue La Boétie, had dedicated personal exhibitions to him. Sometimes, his canvases were included in group hangings alongside other renowned painters such as Pierre Dmitrienko, Jean Cortot, Key Sato, or Jacques Germain. Ravel was particularly close to Dmitrienko, who died too young. He had a profound admiration for him and considered him the best of his generation. Beyond exhibitions and galleries, some of Ravel’s works are held in museums: the Museum of Modern Art of the City of Paris, the Centre Pompidou, and the Museum of Modern Art of Le Havre.

Daniel Ravel liked to use various techniques, starting with pencil, but also watercolor, at which he excelled. He practiced etching and created lithographs, especially for the posters of his exhibitions. In 1946, he illustrated with drop caps the novel by Daniel-Rops, Sévéra, published by Éditions du Roseau. The same year, for Éditions Lajeunesse, he accompanied the tale by Ernest Tisserand, Sylvère et son épée, with lithographs.

Finally, a very different work, but one that confirms the artist’s multiple gifts, is the one he created in 1965, following a request from the village of Rayol-Canadel, a set of models for stained-glass windows that can be seen in the chapel of Notre-Dame-du-Rosaire, in Le Canadel. In this place of contemplation, a plaque indicates: «This chapel dedicated to Notre-Dame-du-Rosaire commemorates the historic landing of the African commandos on the beach of Le Canadel on the night of August 14-15, 1944.» In this corner of Var, Ravel contributed to the elaboration of this building, creating a set of six abstract stained-glass windows, including a rose window.

Alrededor de 1995, el artista dejó los pinceles, guardó sus lienzos y colores, plegó su caballete y cerró la puerta de su estudio por última vez. Hacía tiempo que él —y sobre todo sus seres queridos— veía cómo su mente se le escapaba. Sus últimas investigaciones se habían centrado en tintas chinas acuareladas, aún llenas de energía, pero cuya apariencia compartimentada quizá simbolizaba esas cajas del cerebro que se iban volviendo grises, o mejor dicho, apagándose una tras otra. Apoyado por su esposa e hijos, el artista vivió hasta el final de sus días en este estado incompleto, acentuado por la enfermedad de Parkinson. Falleció el 5 de febrero de 2002, cerca de París, y fue enterrado en Bonnières, en el departamento de Oise, a pocos kilómetros al norte de Beauvais. Tras dejar su hogar en el sur de Francia, compró una casa de pueblo aquí. Iba allí a menudo con su familia para pasar los fines de semana o las vacaciones de verano. Disfrutaba especialmente de su jardín, que dejaba un poco desordenado a propósito, porque así lo prefería. Cercano a la naturaleza, permaneció en estado contemplativo.

Hoy, la obra del artista es una celebración. Ofrece un mundo impredecible y fascinante, donde todo se transforma y se reinventa con el paso del día y la noche. Esta sensación se crea mediante la combinación de colores que, a su vez, se retraen, se desvanecen, se mezclan, se unen o explotan, según la luz que los ilumina. Es una invitación al viaje ofrecida por un poeta-artista que solo se movió mentalmente, con la excepción de una estancia en Montreal, Canadá, en 1965, que inspiró una serie de composiciones verticales.

En uno de sus escritos, Daniel Ravel expresó sus sentimientos sobre su investigación. Unos años antes de finalizar su carrera, hizo esta observación:

» Cuando mi vida termine que las manchas de color caerán sobre mí Me sentiré Que una vida fue suficiente vislumbrar lo inaccesible .

Las exigencias del artista están ahí, hechas a la vez de modestia y de ambición infinita.

Galería SR

El cuadro Les Fruits rouges entre les verres, que fue adquirido por el estado en el precio de 125.000 francos del año de 1957. La obra ingreso en las colecciones del museo de Le Havre.

The painting Les Fruits rouges entre les verres, which was acquired by the state in 1957 for 125,000 francs. The work entered the collections of the Le Havre museum.

Le tableau Les Fruits rouges entre les verres, qui a été acquis par l’État au prix de 125 000 francs en 1957. L’œuvre est entrée dans les collections du musée du Havre.